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[Île-de-France] Le Grand Paris du bâtiment intelligent

Posted by admin on juin 8, 2017
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Entre recomposition urbaine et dynamisme de l’immobilier tertiaire, le Grand Paris offre un cadre propice au déploiement massif du bâtiment intelligent.

L’opération est un succès ! Plus grande consultation européenne de smart city jamais organisée, “Inventons la métropole du Grand Paris” sollicite le meilleur de l’innovation urbaine pour aménager et construire les nouveaux quartiers de la métropole. Une soixantaine de sites ont été proposés par les collectivités territoriales et 420 dossiers de candidatures déposés par les groupements candidats, formés autour de professionnels de l’aménagement et de l’immobilier. Tous débordent d’inventivité dans l’utilisation des technologies. Épilogue à l’automne, avec la désignation des lauréats.

À l’image de cette consultation, le Grand Paris vit une révolution dans la manière de construire ou de reconstruire la ville, qui passe par un déploiement massif des solutions du bâtiment intelligent. Les exemples commencent à abonder. Ils viennent de l’habitat résidentiel, en particulier au travers de l’éclosion de nombreux écoquartiers, ou de l’immobilier d’entreprise, pour qui le bâtiment intelligent est un passage obligé de valorisation des actifs.

Réduire les charges d’exploitation

Une récente illustration de cette tendance est apportée par le projet de la tour Saint-Gobain, en construction à La Défense. D’une grande audace architecturale, elle est aussi un concentré de technologies. L’immeuble, dont la conception a été entièrement réalisée en maquette numérique, intégrera des dizaines de matériaux ou dispositifs innovants du groupe tricentenaire. “Cette tour sera emblématique de nos efforts accrus en R & D, avec des produits constituant des ruptures technologiques comme le vitrage électrochrome, indique Didier Roux, directeur de la R & D et de l’innovation du groupe Saint-Gobain. La demande d’innovations s’accélère dans le monde de la construction. Aujourd’hui, 25 % de nos produits sont sur le marché depuis moins de cinq ans. Ce taux n’était que de 16 % quand nous avons créé cet indicateur en 2008.”

Guillaume Retour, du cabinet Xerfi, auteur d’une étude sur le marché des smart buildings, est persuadé que « le potentiel de développement le plus important du bâtiment intelligent se situe dans le tertiaire, là où les solutions de smart building répondent le mieux aux problèmes tant des gestionnaires, qui cherchent à réduire leurs charges d’exploitation, que des utilisateurs ». L’immobilier tertiaire ne connaît pas la crise en Île-de-France. En 2016, 2,14?millions de mètres carrés de surface de plancher de bureaux y ont été autorisés par l’État, soit une augmentation de 70 % par rapport à 2015 et un record puisque la barre de deux millions n’avait pas été franchie depuis 2000 ! Les disponibilités foncières ne devraient pas manquer, ne serait-ce qu’avec les pôles urbains appelés à se constituer autour d’une vingtaine de gares du futur Grand Paris Express, le réseau de métro automatique. “Le gros du marché du bâtiment intelligent se situe dans la rénovation, tempère Emmanuel François, président de la Smart Building Alliance. Au-delà de la gestion de l’énergie, il y a une vraie urgence à rechercher des solutions pour l’optimisation des espaces ou les services rendus aux occupants. À terme, les bâtiments non intelligents seront dévalorisés de 30 %.” Il cite en exemple les immeubles haussmanniens dont “les bureaux cloisonnés ne correspondent plus aux concepts de travail fondés sur le partage et le nomadisme”.

Start-up et objets connectés

Réussir la transition énergétique reste une préoccupation majeure des gestionnaires comme la Ville de Paris qui, pour atteindre son objectif de 30 % de réduction de ses consommations d’énergie, s’est lancée dans un vaste programme d’optimisation de l’utilisation du chauffage de ses 652 écoles. Durant l’actuelle mandature, 300 établissements auront bénéficié d’un Contrat de performance énergétique. Le dernier porte sur 140 écoles et prévoit une enveloppe de 25?millions d’euros sur trois ans pour des travaux initiaux comportant, entre autres, l’installation de quelque 15 000 objets connectés. Pour réduire la facture d’électricité de ses milliers d’immeubles, la Ville de Paris a aussi recours au service de la société Deepki. « Nous récupérons les données de consommation que nous croisons avec les données techniques du bâtiment et quelques autres sur son activité, détaille Vincent Bryant, cofondateur de la start-up parisienne. Avec tout cela, nous produisons des modèles statistiques prédictifs permettant de détecter les problèmes. On obtient ainsi des parcs intelligents. »

Comme Deepki, la start-up Intent fait le pari de solutions permettant une exploitation intelligente des bâtiments. Elle a conçu une plate-forme permettant d’agréger de manière ouverte les données, celles de tous les fournisseurs et prestataires d’un patrimoine immobilier d’une part, et celles de tous les objets connectés de ce même patrimoine, d’autre part. « Certains immeubles neufs sont même livrés préconnectés à notre plateforme. Dès que les clés sont remises, toutes les données de maintenance et d’usages sont disponibles », précise Matthieu Roynette, directeur marketing de la société implantée à Paris, Lille et Toulouse. Avec d’autres, Matthieu Roynette partage le sentiment que les acteurs du bâtiment intelligent veulent accélérer en travaillant mieux ensemble. “Il faut renforcer les coopérations en amont et en aval de la construction, mais aussi s’ouvrir plus encore vers l’extérieur et collaborer avec des start-up et des laboratoires académiques”, estime Didier Roux, de Saint-Gobain. Le groupe a lancé un programme mondial d’Open innovation. “Nous avons passé au crible environ 2 500 start-up, discuté avec 250 d’entre elles et passé 70 contrats, essentiellement pour du codéveloppement”, précise Didier Roux.

En Île-de-France, la chaîne de valeur est riche, variée et en expansion, comme l’atteste le remplissage des accélérateurs parisiens dédiés à l’immobilier et animés par Impulse Labs. “Beaucoup de start-up opèrent sur ce créneau, explique David Lancelot d’Impulse Labs. En trois ans, 150 start-up sont passées par nos plate-formes, mais plusieurs centaines étaient candidates.”

 

source: usinenouvelle.com 24/07/2017