Après la hausse régulière depuis le début de l’année, les taux de crédit immobilier semblent marquer une pause qui n’est peut-être que provisoire. Tout cela montre en tout cas un ralentissement de la tendance observée depuis plusieurs mois.
Selon le dernier baromètre Crédit Logement – CSA, le taux moyen des crédits, toutes durées confondues, a connu à nouveau une hausse en mai, mais infime par rapport au rythme de progression constaté depuis février, puisqu’il passe de 1,55% à 1,56% en un mois.
Toutefois, ce taux moyen est en diminution pour les prêts accordés sur des durées de vingt et vingt-cinq ans, qui perdent respectivement 2 ou 3 points de base en un mois pour revenir à 1,60% (20 ans) et 1,87% (25 ans). Ce dernier constat marque une petite inversion de tendance par rapport à la hausse des taux observée depuis la fin de l’année dernière.
La part de la production de crédit immobilier à plus de vingt ans est de 59,2% en mai. Cette petite baisse de taux exerce donc une influence non négligeable sur la tendance de marché.
Historiquement, cette moyenne globale des taux reste toutefois très basse. Les taux sont simplement revenus à leur niveau du début de l’été 2016.
Selon le baromètre Crédit Logement – CSA, le vrai changement sur la demande vient plutôt des prix, surtout à Paris et dans les grandes villes.
Prix en hausse à Paris
D’après les notaires, les prix des logements anciens devraient atteindre en moyenne les 8.800 euros par m² cet été à Paris, soit une hausse annuelle de 7%. Les prix progressent aussi dans les grandes villes depuis plusieurs mois.
Le réseau d’agences Era a constaté, lui aussi la poursuite de la hausse des prix dans l’ancien : «De nombreux Français ont retardé leur projet immobilier en raison de la conjoncture économique, puis se sont précipités pour acheter, d’où une raréfaction des biens mis sur le marché», souligne François Gagnon, président de Era Europe.
Signe de la vitalité du marché national, le délai de vente, selon le réseau Era, a été ramené à 88 jours contre 95 jours, soit sept jours en moins comparé au premier trimestre 2016. A Paris, il faut compter 53 jours contre 67 sur cette même période, soit quatorze jours en moins. En Ile-de-France, 66 jours (soit seize jours en moins comparé au 1er trimestre 2016), et en province 96 jours – soit deux jours en moins comparé au premier trimestre 2016 – sont nécessaires pour vendre son bien dans de bonnes conditions.
En mai, le courtier en crédit Cafpi constate que les dossiers se sont bouclés à 1,40% sur vingt ans et 1,79% sur vingt-cinq ans, en hausse de 0,07% à 0,19% à ceux pratiqués sur l’ensemble du premier trimestre : «Cette photographie des taux effectivement obtenus montre leur hausse continue sur les cinq premiers mois de l’année», précise Philippe Taboret, directeur général adjoint de Cafpi.
1,50% sur 25 ans
Début juin, les taux négociés par Cafpi auprès des banques restent stables. Les plus bas d’entre eux atteignent 1,25% sur vingt ans et 1,50% sur vingt-cinq ans.
En mai, et au début juin, la nouvelle demande a toutefois faibli selon Cafpi, en retrait de 18% par rapport à mai 2016. Les incertitudes autour des résultats de l’élection présidentielle puis législative, et autour de la conjoncture économique ont eu un impact : «Les élections législatives des 11 et 18 juin ont maintenu le marché en attente; dès mi-juin, une fois la composition de l’Assemblée nationale connue et le gouvernement pleinement installé, nous aurons une vraie vision de la tendance pour les mois à venir sur la production de crédit immobilier», analyse Philippe Taboret. Cette légère baisse de la demande est aussi due à la baisse du nombre de rachats de crédits.
Les indicateurs tels que l’OAT 10 ans, le taux directeur de la BCE et l’Euribor restent toutefois stables. Les banques maintiennent donc leurs taux le plus bas possible pour attirer la clientèle, alors qu’elles devraient les augmenter, pour retrouver leurs marges : «Mais passée la période printanière, la hausse des taux va se poursuivre lentement», annonce Philippe Taboret.
Selon le courtier vousfinancer, «alors que les notaires prévoient des prix record à Paris dès juin à 8.700 €/m2, l’impact de cette hausse des prix reste compensé par le niveau des taux de crédit avec un pouvoir d’achat quasi-stable par rapport à 2010, au moment où les prix à Paris étaient aux environs de 7.000 €/m2 », analyse Sandrine Allonier, directrice des relations banques de Vousfinancer.
Hausse du prêt moyen
Le montant du prêt moyen augmente d’ailleurs légèrement au début du mois de juin, passant de 169.205 € au mois de mai à 169.922 €, selon le courtier Immoprêt, qui observe par ailleurs une légère hausse de 1,6% sur l’apport moyen . Celui-ci passe dans son réseau de 26.972 € en mai à 27.413 €, au début du mois de juin.
«Les Français sont de nouveau prêts à investir et sont capables de mobiliser des apports légèrement plus importants, ils empruntent de plus gros montants et sur de plus longues périodes. La confiance semble revenue chez les ménages», analyse Jauffrey Ianszen, porte-parole d’Immoprêt.
Enfin, si la plupart des facteurs semblent positifs pour l’activité, les comportements hybrides progressent. Dans une étude réalisée par l’Ifop pour le réseau de mandataires immobiliers Optimhome, à l’instar de ce qui est constaté pour d’autres secteurs, les acheteurs comme les vendeurs potentiels sont plus nombreux à envisager de consulter à la fois un professionnel de l’immobilier et le canal direct «de particulier à particulier».